28/12/2019

#LeSensDesMots épisode 4 : « résolutions »

Certains mots connaissent une saisonnalité. C’est le cas de « résolutions », qui commence à poindre le bout de son nez début décembre, pour fleurir à tous les coins de posts tout le long du mois de janvier. Mais dès février, terminé, plié, on raye le terme de notre vocabulaire jusqu’à l’hiver suivant. En soi, pourquoi pas. Il y a bien des mots qu’on réserve à l’été, sans trop y penser le reste de l’année ( #bikini #mojito #barbecue #EtJ’enPasse…). Pour autant, il y a tout de même une différence. Quand septembre arrive, personne ne fait le bilan du nombre de mojitos sirotés. On sait instinctivement qu’on a tenu les objectifs,. Est-ce qu’on pourra en dire autant de nos bonnes résolutions le 31 décembre 2020 ? Attention, spoiler…la réponse est non. Vu qu’au fond, on est tous au courant, on pourrait peut-être faire autrement, non ?

Pourquoi les « bonnes » résolutions d’abord ?

La particularité du mot « résolutions », réside dans cet adjectif « bonnes » qu’on vient systématiquement lui coller. Et la spécificité des « bonnes résolutions » se loge dans le fait…qu’on ne les tient pas ! Consultons notre ami Larousse pour tenter de comprendre d’où vient cette aberration.

Dis Larousse, les résolutions sans épithète, ça consiste en quoi ?

On l’oublie souvent, mais le terme « résolutions » s’emploie de bien des manières, dans les mathématiques et en droit notamment.
Concentrons-nous cependant sur la définition la plus adaptée au contexte qui nous intéresse : « attitude, disposition d’esprit, qualité de quelqu’un qui ne se laisse pas détourner de ses entreprises ».
Ah c’est donc ça ! Ce qui fait l’essence de la résolution, c’est avant tout la détermination. Vous savez cette forme d’élan qui nous pousse à y aller, à ne pas plier, à se battre contre vents et marées. Grisant, non ? Pourtant, il y a un hic, qui tient, me semble-t-il, aux limites de ce qu’on appelle la coutume.

Au 1er janvier, on mélange les chiffons et les serviettes

La tradition veut qu’à l’aube d’une première année, nous prenions tous des engagements envers nous-mêmes. Mais attention, pas n’importe comment, il y a des règles. Au-delà de la date imposée socialement, les promesses sont à piocher dans une liste plus ou moins préétablie (« arrêter de fumer », « être mieux organisé », « mieux concilier vie professionnelle et personnelle » etc.). Tout ce folklore repose donc sur deux postulats :

  • Notre capacité à y voir clair sur nos besoins de changement pile au moment du réveillon (l’alcool aidant certainement)
  • La probabilité que nous soyons tous traversés au même instant par un éclair de détermination qui nous fera tenir bon les 364 jours suivants (la suite de la « magie de Noël » sans doute…)

Tout cela revient à croire qu’on peut lancer une dynamique personnelle dans un cadre figé et imposé par le collectif. En résumé, à vouloir faire rentrer un rond dans un carré, ou à mélanger les chiffons et les serviettes.
Rien d’étonnant à ce que ça ne fonctionne pas, ou du moins pas très bien. Faut-il pour autant lâcher définitivement l’affaire, et se dire que foutu pour foutu, on ne progressera pas en 2020 ?

Et si on bâtissait des ponts entre l’imaginaire et le quotidien ?

Si nous sommes tant attachés aux bonnes résolutions, c’est peut-être parce qu’elles nous permettent de tout fantasmer. On se projette tour à tour « plus ceci » ou « moins cela » mais, dans tous les cas, on rêve tous à une meilleure version de nous-même.
Il y a là-dedans quelque chose qui est loin d’être ridicule : de la poésie, du lyrisme et surtout de l’espoir. Finalement, l’aberration n’est pas d’y croire, mais plutôt de ne pas transformer toutes ces jolies choses en résultats palpables.  Voyons ensemble quelles pistes explorer pour que nos vœux pieux du réveillon ne restent pas lettre morte.

Le Kaizen Power

Prendre des « résolutions », quelles qu’elles soient, revient à viser une seule chose : l’amélioration de la personne et du professionnel que l’on est.
Pour cela, on peut opter pour la méthode classique, à savoir le coup d’accélérateur de janvier. Vous savez, cette technique qui consiste à aller tous les jours à la salle de sport pendant quelques jours, pour baisser les bras à la première galette des Rois qui passe.
Ou alors, on peut s’inspirer du monde de l’entreprise, et plus précisément du processus d’amélioration continue et du Kaizen. Plutôt que partir bille en tête et avancer par à-coups, on avance en douceur, en rectifiant le tir au fur et à mesure. Les premiers résultats sont moins grandioses que ce qu’on peut fantasmer sous le gui, je vous l’accorde.
Mais au moins, leur cumul permet de donner vie à la résolution prise au départ. Moins sexy donc, mais plus fiable.

 

La méthode des petits coups de pieds aux fesses

Vous voilà rassuré (e) ? Vous vous dites que vous allez passer 2020 bien tranquillou à y aller tout doux en mode Kaizen ? Ne vous emballez pas trop tout de même, ça ne va pas se faire tout seul.
Encore faut-il se creuser un minimum les méninges. Cela veut dire découper chaque résolution en objectifs, puis chaque objectif en petites étapes à franchir. Autrement dit, il va falloir découper, répartir, saucissonner, bidouiller votre agenda.

On appelle ça la « méthode des petits pas ». C’est joli, non ? C’est aussi un peu mensonger, parce que là encore, les petits pas ne se font pas tout seuls.  Il faut une impulsion. Les bons jours, l’élan vient de l’envie. Le reste du temps, il faut se donner à soi même un coup de pied aux fesses pour avancer. Mais la bonne nouvelle, c’est que comme tout est découpé, hâché menu menu, il s’agit d’un petit coup de pied. Un peu désagréable, mais supportable, jusqu’à ce que l’envie revienne.

Faire du temps un allié

L’idée d’une méthode pour tenir ses résolutions vous stresse un peu ? Ce n’est pas fait pour.
Qui a dit qu’il fallait qu’ont soit tous parfaits pour le 31 décembre 2020 ?
Que va-t-il se passer si nous n’y arrivons pas ?
Rien ! Alors pourquoi ne pas revoir notre rapport au temps ? En prenant de nouveaux engagements en août si ça nous chante, ou tout simplement en s’accordant le temps qu’il faut ?
Le temps peut être saucissonné, mais aussi étiré après tout. Faisons juste de notre mieux, en trouvant le juste milieu entre la rêverie et le concret, entre ce dont nous aimerions être capable, et ce que nous avons le pouvoir de réaliser.

 Et la bonne année alors ?

Je pourrais terminer en vous souhaitant une année 2020 fantastique, lumineuse, à la hauteur de vos espérances.Mais s’il suffisait de mes bons voeux pour que tout aille comme vous voulez, ça se saurait.
C’est pour cela que je me contente modestement de partager une ébauche de méthode avec vous. Elle ne vous sera peut-être pas utile. Je la pose cependant sous le sapin, en me disant que si ça se trouve, elle aura le même sort que ces cadeaux qu’on range dans un coin, mais qu’on est content de ressortir plus tard.

Je ne vous souhaite donc rien d’extraordinaire. Pas de grand discours, pas de champagne, pas de cotillons. En revanche, je crois bien que je vais m’accorder un mojito, pour trinquer à votre santé et vous souhaiter de trouver votre propre méthode pour vous bouger les fesses, gentiment mais surement.
A la vôtre, au plaisir de vous retrouver en 2020.

Photo : unsplash / Kim Daniels